Échelle des teintes de Newton

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L’échelle des teintes de Newton, ou échelle des teintes de Michel-Lévy[1], est une échelle de mesure de la biréfringence et de l'épaisseur d'un matériau. Lors de la traversée de ce matériau biréfringent par la lumière blanche polarisée, le front d'onde de cette lumière blanche se sépare et on observe alors des interférences d'une certaine couleur qui dépend de la biréfringence et de l'épaisseur de la lame utilisée. Cette échelle a été établie par Isaac Newton[2] ou Auguste Michel-Lévy[1].

Étude théorique[modifier | modifier le code]

L'échelle présente trois axes, en abscisses, la teinte et la différence de marche, en ordonnée l'épaisseur, en oblique la biréfringence[3].

Ces trois grandeurs, la différence de marche δ, l'épaisseur de la lame utilisée e et la biréfringence Δn sont liées par la relation suivante :

[4].

Cette différence de marche permet de caractériser la teinte que l'on observe. On observe les teintes de Newton avec une lumière polarisée puis analysée (c'est-à-dire polarisée après la traversée du matériau biréfringent). Selon la position du polariseur et de l'analyseur il existe deux possibilités pour caractériser les teintes observées en fonction de la différence de marche δ.

Si le polariseur et l'analyseur sont croisés et donc que leurs axes optiques sont orthogonaux alors l'intensité d'une onde lumineuse monochromatique de longueur d'onde λ observée après la division du front d'onde est avec A un terme qui n'intervient pas dans la couleur observée.

Si δ/λ = k avec k entier alors cette intensité est nulle, et si δ/λ=k/2 alors cette intensité est maximale. Étant donné que la lumière blanche est constituée de toutes les longueurs d'onde du visible, alors la lumière perçue à la sortie de l'analyseur traversant le matériau biréfringent correspond à une lumière polychromatique dont l'intensité est égale à la somme des intensités pour chaque longueur d'onde du visible. Donc les longueurs d'onde pour lesquelles l'interférence est destructive disparaissent de la couleur observée et celles pour lesquelles l'interférence est constructive apparaissent[5].

À δ=0, l'intensité est nulle, et la couleur perçue est noire. Lorsque polariseur et analyseur sont croisées on dit que l'échelle des teintes de Newton est à centre noir[6].

Si le polariseur et l'analyseur sont parallèles soit leurs axes optiques sont parallèles alors l'intensité d'une onde lumineuse monochromatique de longueur d'onde λ observée après la division du front d'onde est avec A un terme qui n'intervient pas dans la couleur observée[7].

De même que précédemment la lumière perçue à la sortie de l'analyseur est une lumière polychromatique et on observe une certaine teinte correspondant à la différence de marche.

À δ=0 l'intensité est maximale pour toutes les longueurs d'onde : on observe de la lumière blanche. Lorsque polariseur et analyseur sont parallèles, on utilise l'échelle des teintes de Newton à centre blanc[6].


Echelle des teintes de Newton (teintes en fonction de la différence de marche) [8]
δ (nm) centre blanc centre noir
0 blanc noir
40 blanc gris de fer
97 blanc jaunâtre gris lavande
158 blanc jaunâtre bleu gris
218 brun jaune gris plus clair
234 brun blanc verdâtre
259 rouge clair blanc
267 rouge carmin blanc jaunâtre
275 brun rouge sombre jaune paille pâle
281 violet sombre jaune paille
306 indigo jaune clair
332 bleu jaune vif
430 bleu gris jaune brun
505 vert bleuâtre orangé rougeâtre
536 vert pâle rouge chaud
551 vert jaunâtre rouge plus foncé
565 vert plus clair pourpre
575 jaune verdâtre violet
589 jaune d'or indigo
664 orangé bleu de ciel
728 orangé brunâtre bleu verdâtre
747 rouge carmin clair vert
826 pourpre vert plus clair
843 pourpre violacé vert jaunâtre
866 violet jaune verdâtre
910 indigo jaune pur
948 bleu sombre orangé
998 bleu verdâtre orangé rougeâtre vif
1101 vert rouge violacé foncé
1128 vert jaunâtre violet bleuâtre clair
1151 jaune sale indigo
1258 couleur chair bleu (teinte verdâtre)
1334 rouge brun vert de mer
1376 violet vert brillant
1426 bleu violacé grisâtre jaune verdâtre
1495 bleu verdâtre rose (nuance clair)
1534 bleu vert rouge carmin
1621 vert terne carmin pourpre
1658 vert jaunâtre gris violacé
1682 jaune verdâtre bleu gris
1711 jaune gris vert de mer
1744 mauve gris rouge vert bleuâtre
1811 carmin beau vert
1927 gris rouge gris vert
2007 bleu gris gris presque blanc
2048 vert rouge clair
2338 rose pâle vert bleu pâle
2668 vert bleu pâle rose pâle

Établissement des teintes de l'échelle de Newton[modifier | modifier le code]

Utilisation en minéralogie[modifier | modifier le code]

L'échelle des teintes de Newton permet notamment de mesurer la biréfringence d'un minéral[2].

À l'aide d'un microscope en lumière polarisée (appelé également microscope polarisant), utilisé en lumière polarisée analysée, on peut observer les teintes permettant de caractériser la biréfringence. Le microscope est constitué d'un objectif et d'un oculaire, avec entre la source lumineuse blanche et l'objectif un polariseur puis entre l'oculaire et l'objectif un autre polariseur dit analyseur[9].

Ensuite, en connaissant l'épaisseur de la lame, on peut déterminer la biréfringence, ce qui peut être utile pour reconnaître des minéraux. De plus les propriétés biréfringentes de certains matériaux permettent de créer certains instruments d'optique (par exemple les polariseurs [10]).

Notes et références[modifier | modifier le code]